La foule joue les agents de sécurité
Journal Les Affaires (Diane Bérard)
June 18, 2011
Quoted as privacy expert and interviewed on the legality of a new business model in the U.K.
Que diriez-vous d’engager des voyeurs dans vos commerces ? C’est ce qu’offre la société britannique Internet Eyes.
Depuis octobre dernier, elle rémunère monsieur et madame Tout-le-monde pour qu’ils regardent les bandes vidéo affichées sur son site et repèrent les activités louches, principalement le vol à l’étalage. Après la foule-traitance (crowd sourcing), voici la crowd surveillance.
Les bandes vidéo du site d’Internet Eyes (interneteyes.co.uk) sont fournies par des commerçants et autres entrepreneurs qui paient pour ce service de surveillance par la foule. Les internautes qui surveillent ont le droit de faire cinq dénonciations par mois, question d’éviter les abus. Les meilleurs agents de sécurité amateurs reçoivent chaque mois un cachet établi selon un système de points : ils en gagnent pour des dénonciations justifiées et ils en perdent pour les fausses pistes.
Qu’une entreprise comme Internet Eyes ait vu le jour en Grande-Bretagne n’étonnera personne. C’est le pays du monde où l’on trouve le plus de caméras de surveillance : 1 pour 14 habitants. Peut-on imaginer mettre en pratique une telle idée au Québec ? Après tout, les détaillants québécois perdent chaque jour 1 730 655 $ à cause du vol à l’étalage, d’après un sondage du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) auprès de 4 250 commerces. ” L’utilisation de caméras de surveillance dans les lieux publics est très encadrée au Québec, souligne Éloïse Gratton, avocate-conseil en droit des TI au cabinet McMillan. Avant d’y avoir recours, le commerçant doit avoir examiné d’autres solutions moins invasives pour la vie privée. S’il y a des caméras dans une boutique, elles doivent être utilisées pendant des périodes limitées. ” Si une version québécoise d’Internet Eyes voit le jour, elle devra être adaptée à ce cadre juridique, dit Gaston Lafleur, pdg du CQCD. ” On imagine mal le public en général regarder ces bandes, il faudra détenir un permis “, ajoute-t-il. ” Jusqu’à présent, le Québec a pris une position bien différente de la Grande-Bretagne quant à la protection de la vie privée; nous sommes très avant-gardistes, souligne Mme Gratton. Voulons-nous permettre que nos voisins regardent des vidéos dans lesquelles nous apparaissons en train de faire notre épicerie ? ”
This content has been updated on August 23, 2014 at 14 h 14 min.